Fonctionnement

Pilotage, animation et organisation de la Fédération

La gouvernance de la fédération est assurée par un comité directeur (organisé par la direction) réunissant l’ensemble des représentants des tutelles (en pratique, entre 10 et 15 représentants), une fois par an minimum (ce qui est le rythme en pratique vu les difficultés d’agenda qu’implique une telle réunion). Le président du comité directeur est élu pour 2 ans (actuellement P. Hennequin, Directrice de Recherche CNRS). Ce comité directeur est préparé lors d’un bureau, réunissant les tutelles les plus impliquées (CNRS, CEA, AMU, Université de Lorraine, Ecole Polytechnique, et deux représentants des autres tutelles : actuellement, l’Université de Nice Sophia Antipolis et l’INRIA).

Politique scientifique

La mission principale de la fédération est de coordonner les recherches françaises dans le domaine FCM, afin de contribuer le plus efficacement possible au succès du projet international ITER, localisé en France. La fédération regroupe les équipes de l’Institut de Recherche sur la Fusion par Confinement Magnétique (IRFM) au CEA Cadarache, dont la mission est la réalisation de l’énergie de fusion, et des équipes académiques dont les compétences et les intérêts sont complémentaires. L’objectif est ainsi de jouer le rôle d’une interface entre la recherche académique et la communauté fusion française et internationale (en particulier au niveau européen). L’IRFM compte environ 250 personnes dont 70 chercheurs publiants, et environ 150 personnes sont impliquées au niveau académique. L’existence d’une telle interface s’avère extrêmement productive du point de vue scientifique, et de nombreux exemples concrets illustrent ce point. L’implication des chercheurs de mathématiques appliquées (IRMA, IRMAR, IMT, I2M) a été essentielle dans le succès des codes gyrocinétiques. Des solutions utilisées en mécanique des fluides numériques ont pu être importées en plasma, conduisant au développement d’outils uniques au niveau mondial pour les plasmas de bord (M2P2), particulièrement bien adaptés à l’étude des expériences de WEST. Le démarrage de WEST, difficile, a grandement bénéficié d’outils de simulations basés sur l’expertise du LJAD à Nice. La photoneutralisation est une technique prometteuse pour les systèmes de chauffages par faisceaux de neutres du futur, et ces études ont pu être menées à bien grâce à coordination étroite impliquant plusieurs laboratoires (ARTEMIS, LAC) et l’IRFM.
A travers l’opération du tokamak WEST à l’IRFM, la France est positionnée sur l’ensemble des thématiques liées à l’opération d’un tokamak, que recouvrent au sens large les 5 premières thématiques de la fédération. WEST résulte d’une jouvence de Tore Supra, arrêté à la mi 2012 suite à une panne grave sur un transformateur de puissance. L’installation progressive de composants en tungstène (W) de technologie identique à celle d’ITER et l’ajout de bobines permettant de créer des configurations magnétiques à point X comme celle d’ITER (et d’autres machines actuelles) permettra de tester ces composants pendant des décharges longues. L’établissement de ces scénarios mobilise et mobilisera une part significative des compétences des équipes de la fédération. WEST est ainsi principalement dédié à l’étude du problème de l’extraction de puissance (la mission 2 de la feuille de route européenne, voir ci-dessous) et cette thématique va donc naturellement constituer la ligne de force principale des équipes françaises dans les 5-10 années à venir. La fédération mène donc une politique visant à renforcer les activités déjà bien établies, en facilitant l’accès au programme européen par des actions d’information, de lobbying, de coordination, et/ou à soutenir de nouvelles activités amonts (activités qui sont souvent considérées comme trop amont pour être soutenues par Eurofusion). Le maintien d’un spectre large d’activité est essentiel pour la réactivité de la communauté, ce qui nécessite parfois de prendre un peu de distance avec les priorités immédiates/effets de modes dans la fusion. Les équipes travaillant actuellement sur la rétention du W étaient perçues comme très amont il y a encore 6-7 ans, et sont à l’heure actuelle parmi les mieux intégrées dans le programme européen… La fédération pilote un appel à projet annuel qui lui permet de mener cette politique, dans une approche inclusive visant à maintenir un tissu de recherche national dans un contexte où la coordination européenne est très individualisée : les responsables de workpackages Eurofusion d’adressent directement aux équipes/individus qu’ils souhaitent impliquer, ce qui peut rendre le travail de coordination national difficile. La fédération ne décourage bien entendu pas les participations d’équipes expertes d’une thématique sur des sujets de niche hors des grandes lignes de force du programme, mais ne peut apporter qu’un soutient limité par exemple en termes de lobbying.
Les équipes françaises sont leader du programme « Enabling research » (voir ci-dessous) d’Eurofusion, grâce à en particulier à une combinaison d’experts fusion et d’équipes académiques. Elles sont également très bien positionnées dans le programme éducation, de part la participation d’un tissu universitaire très développé (les universités françaises constituent quasiment la moitié des universités impliquées dans Eurofusion).
La pertinence des travaux menés pour ITER est clairement saluée par la participation des chercheurs académiques au réseau des ITER fellows, destiné à créer une communauté ayant les compétences pour exploiter ITER. 2 chercheurs de l’IRFM, 2 du LJAD – en lien avec les succès sur WEST (maintenant 1 suite à une démission pour raison personnelle), 1 au LSPM sur des problématiques de rétention du tritium ont ainsi été intégrés dans ce réseau (qui pour l’instant a une taille réduite). Un des chercheurs CNRS du LSPM (X. Bonnin) a par ailleurs rejoint ITER-IO en 2014. De plus, 2 contrats de recherche ont été attribués par ITER aux laboratoires de la fédération, l’un au LSPM (base de donné de processus atomiques pour l’azote dans les plasmas) et l’autre au PIIM sur des questions liées à l’interaction plasma paroi. Il y a également eu des thèses communes avec ITER, en particulier sur le site d’Aix-Marseille. Ces financements liés à ITER restent cependant limités (les montants des contrats sont de l’ordre de quelques dizaines de k€) car le budget de la « science division » d’ITER pour ce type d’actions est très limité. Sur le contrat actuel, ITER-IO est resté extrêmement focalisée sur la construction de la machine et la tenue du nouveau planning établit après l’arrivée de B. Bigot à la direction générale en 2015.
La fédération est également attentive à la promotion des activités de ses équipes, avec le lancement de la revue sciences en fusion (pilotage IRFM) en 2018, qui présentera annuellement les défis scientifiques et les résultats obtenus sur une problématique importante pour la fusion. Le premier numéro porte sur la turbulence. La maintenance du site web de la fédération s’est avérée problématique, celui-ci étant hébergé par une entreprise de plus en plus déficiente. Ceci nous a conduit à prendre la décision de le transférer au CNRS, transfert qui s’est mal passé, et qui nous a forcé à changer d’adresse web. Le nouveau site http://fr-fcm.cnrs.fr est en cours de finalisation.

Ecosystème recherche de la Fédération

La FR-FCM évolue dans un écosystème très européen, où le programme EURATOM joue un rôle essentiel. Précisions que le financement du programme fusion en Europe passe par deux entités : Fusion For Energy (F4E), qui est sous la responsabilité de la direction générale de l’énergie (DGENER) et dont la mission est de remplir les engagements de l’Europe pour la construction d’ITER, en particulier la fourniture des composants en nature. La seconde entité pilote le programme d’accompagnement à ITER, et est sous la responsabilité de la DGRTD. Il s’agit d’un consortium mis en place en 2014 en remplacement du système des associations qui existait auparavant. Les relations bilatérales qui existaient entre les structures nationales (27 associations, en France l’association EURATOM-CEA) et la commission sont donc remplacées par une relation unique entre la commission et un consortium, assez proche en volume des projets « flagships » (environ 1 milliard d’euros de financement sur H2020). Ce consortium Eurofusion (www.euro-fusion.org) regroupe 29 bénéficiaires (dont les plus importants en volume sont l’IPP en Allemagne (Garching/Greifswald, le CCFE au Royaume Uni, où se trouve JET, le CEA/FR-FCM, l’ENEA en Italie) et une centaine de parties liées, essentiellement des établissements de recherche, associées à l’un des bénéficiaires. Au niveau Français, le CEA est bénéficiaire et la convention de la FR-FCM fournit le lien juridique avec le CEA permettant la participation des équipes universitaires au programme. L’existence d’une structure comme la FR-FCM responsable de la coordination des équipes impliquées est une condition nécessaire au fonctionnement du système, qui est extrêmement lourd.